Histoire de Loubeyrat

Un patrimoine naturel exceptionnel

Un livre ouvert sur la géologie

La commune est située en bordure du plateau des Dômes, ce vieux socle granitique qui constitue le Massif central et sur lequel se sont mis en place les volcans de la Chaîne des Puys. Au cours des temps géologiques, ce socle a été érodé, soumis à plusieurs épisodes volcaniques, il est entaillé de nombreuses failles. Loubeyrat et ses alentours offrent la possibilité unique de découvrir l’évolution du volcanisme depuis l’ère primaire, plusieurs curiosités géologiques exceptionnelles et de nombreux belvédères sur la Chaîne des Puys et la faille de Limagne classées au patrimoine mondial de l’UNESCO.

De l’esplanade du château de Chazeron : Attention vous êtes tout au bord de la faille de Limagne !

Au premier plan s’impose Châtelguyon, avec la motte castrale du comte d’Auvergne Guy II. D’Enval à Beauregard-Vendon, les communes situées sur les coteaux viticoles entre Limagne et Combrailles constituent le « pays brayaud ».
Puis se développe, du nord au sud, le bassin de la Limagne où se distinguent Riom et les faubourgs de l’agglomération clermontoise.
Au sud, on voit les bâtiments industriels de l’une des usines d’embouteillage des eaux de Volvic ; au second plan, le plateau de Châteaugay et son vignoble ; à l’arrière-plan, les côtes de Clermont et Gergovie.
Enfin, à l’est, l’horizon suit la ligne bleue des massifs du Parc Naturel Régional du Livradois-Forez. L’après-midi, la ville de Thiers est bien visible à flanc de coteau.
Partant de cette esplanade, un chemin, qui fait le tour du village de Chazeron, permet de découvrir la Chaîne des Puys ainsi que les vallonnements boisés des Combrailles vers l’ouest.

Histoire de patrimoine

Microtoponymies de Loubeyrat

Pour découvrir l’histoire d’une commune, les noms de terroirs ou de villages sont parfois très évocateurs et représentatifs de la vie locale.
Le nom de « Loubeyrat » viendrait d’un dérivé du latin « lupus », le loup que l’on voit… Ou qui y boit dans l’une des nombreuses sources de la commune.
Les habitants de Loubeyrat sont boiratoux et boiratouses ou boueyratoux et boueyratouses.
Elles sont présentes aux « Fonzades », « Fontêtes », à « Fontanil », « Fontenial », « Fongerude » ; aux « Briffons », dont le nom vient du latin « apris fontis », les sources étaient fréquentées par des sangliers.
Le village de « Tissonières » est installé dans un replat humide, à l’inverse « le Sucquet » est une éminence.
De l’eau et des prairies humides sont des terroirs parfaits pour la culture du chanvre, à « Chanveix » ou aux « Chenevières » par exemple.
Qu’elle soit haute ou basse, petite ou grande, « La Faye » est un terroir où poussait le « fayard », le hêtre en patois.
Le « Beauvaley », est l’amont de la « Vallée » des Prades où le ruisseau des Groliers forme des gorges ou « Combes » ou « rivaux » ou « Couleyra ».
Le « Chaze » ou la « casa ronda » est une structure défensive qui a laissé son nom à « Chazeron », dont les seigneurs possédaient des pigeonniers au « Colombier » et une « pêcherie » à côté de l’actuelle école d’équitation.
Le village des « Portiers » s’est constitué autour d’un domaine appartenant à une famille « Portier ». Les descendants des premiers Portier sont restés à proximité de leurs parents, ont construit de nouvelles maisons créant le village. Le patronyme « Portier » est encore très répandu dans ce secteur des Combrailles.
« Beaulieu », c’est une jolie campagne !

Les premiers résidants

Deux silex dont une pointe de flèche, datant du néolithique ont été retrouvés dans le village de Chazeron. Sans doute brisée lors d’une chasse, cette pointe de flèche a sans doute été abandonnée. Ces objets témoignent d’une présence humaine dès la période préhistorique.

crédits : Chemins de traverses/Renée Couppat 

Les villages de Loubeyrat se forment autour de domaines agricoles appartenant à la noblesse et la bourgeoisie locales (le Colombier, Rochebraud, Praquérit, les Briffons…). Le passage de la voie antique de grande communication reliant Riom à Évaux-les-Bains (Creuse) favorise le développement du bourg et les échanges entre Limagne et Combrailles.

Les trois ordres de la féodalité

La paroisse avant la commune

La religion rythme la vie locale, l’église et le curé sont au centre de la vie communautaire. La paroisse se constitue autour de l’édification au XIIe siècle de la première église de Loubeyrat, l’actuelle « Fabrique ».

De ses origines romanes, notre ancienne église, placée sous la protection de saint Jean-Baptiste, n’a conservé que le contrefort très massif qui donne sur l’esplanade et quelques pierres remployées dans la maçonnerie. L’élégante fenêtre côté rue indique des travaux effectués au XVe siècle. Sur la façade ouest (attention aux propriétés privées, s’il vous plait), il reste les bases du mur de la tour du clocher et à l’angle 2 visages sculptés qui pourraient représenter les seigneurs de Chazeron qui ont financé une partie des travaux de l’église.

Délaissé au XIXe siècle, l’édifice a servi successivement de hangar, puis de garage avant d’être restauré.

crédits : Chemins de traverses/Renée Couppat 

L’œuvre de l’abbé Gouilloux

Pendant plus de 40 ans, l’abbé Claude Augustin Gouilloux va prendre en main la vie spirituelle de Loubeyrat. De 1840 à 1886, ce curé de campagne va mener de grands projets et travaux sur sa paroisse : organisation de Missions, création de la congrégation des sœurs infirmières, d’une école libre, de plusieurs congrégations paroissiales. Et il a été l’instigateur, le concepteur et le chef de chantier de la construction de la nouvelle église de Loubeyrat.

La « cathédrale des Montagnes »

Pour achever la construction de la nouvelle église de Loubeyrat en 1872, Eugène Tallon, conseiller général du canton de Manzat, demande 18 000 francs au conseil départemental. La somme est élevée pour une petite commune, l’opposition accuse Loubeyrat de vouloir se faire construire «  la cathédrale des Montagnes » à grands frais. L’implication des habitants, la beauté de l’édifice ont finalement convaincu l’assemblée et l’église a pu être terminée. L’édifice a gardé ce surnom mérité. Ses dimensions hors norme, son style architectural, le programme iconographique développé sur les vitraux, œuvre du plus grand maître-verrier clermontois sont dignes d’une cathédrale.

Crédit : Chemins de traverses/Renée Couppat

Grands et petits seigneurs

À Loubeyrat, il y avait une grande seigneurie, celle de Chazeron, et 13 petits fiefs. Les grands seigneurs lèvent les impôts, rendent la justice, les petits ne possèdent que quelques droits.  À grand seigneur, grand château, à petits seigneurs, petits châteaux.

Chazeron, le château aux deux visages

Le château ne s’offre à la vue que par ses façades médiévales. Le donjon carré imposant, les tours massives, les créneaux, tout indique une forteresse. L’arrivée devant la grille du château déstabilise ! Une grande cour, des ailes signées Mansart, un vaste perron surmontée d’une galerie, on a changé de siècle. François de Monestay en attendant Louis XIV en a profité pour rendre sa forteresse plus confortable. La destruction du donjon est a apporté de la lumière, de grandes baies vitrées ont été installées, les grandes pièces à vivre donnent sur la galerie et le château dispose d’une cuisine équipée.

crédits : Chemins de traverses/Renée Couppat 

Le château demeure dans la même famille jusqu’en 1909, date à laquelle il est vendu. Il passe de propriétaires en propriétaires tout au long du XXè siècle, et est largement pillé.

Durant la Seconde Guerre Mondiale, les accusés du procès de Riom, parmi lesquels les anciens présidents du Conseil Édouard Daladier, Paul Reynaud et Léon Blum, sont enfermés pendant environ 6 mois à Chazeron. Il est racheté en 1965 par les architectes Roger Bruny et Michel Mange Matin. Une longue période de rénovation, qui se poursuit encore aujourd’hui, commence alors. De nos jours, la château est toujours propriété de la famille Bruny.

Le château est classé aux Monuments historiques en 1944

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